Jean Claude
MARTINEZ
Article 104 C et Covid 19
Du traité de Maastricht au Virus de Wuhan
Il y a différentes causes molles, comme des montres de Dali qui n’ont pas permis aux élites du pays d’ arriver à l heure pour éviter que 30 000 français perdent leur vie. Mais il y a une vraie cause du désastre. La cause à l’origine de tout , celle qui en Espagne, en Italie, en Belgique, dans toute l’ Union européenne livrée à la folie d’une idéologie, a détruit des milliers de vies et ébranlé des économies. Cette cause, aussi invraisemblable et microscopique que le virus 19 qui est venu se coller à elle, c’est le Maastricht 92 et son article 104 C. Si le covid est né sur un marché chinois de Wuhan, la cause qui l’a potentialisé est apparue, elle , sur le grand marché européen il y a près de trente ans.
C’était à 0h 02, dans la nuit du jeudi 9 novembre au vendredi 10 novembre 1989. La porte de Brandebourg à Berlin s’ouvre. Des allemands de l’est passent à l’ouest. Onze mois après, le drapeau del'Allemagne réunifiée est hissé devant le Reichstag. Le président Mitterrand qui a connu la deuxième guerre mondiale et qui est né pendant la première, mesure la portée de l’événement . Et pour tout dire en est inquiet. Comme Margareth Thatcher aussi, contactée tout de suite par l’Elysée qui retrouve les vieux réflexes français . Y compris l’alliance de contournement avec Moscou , au point que le président Mitterrand reconnaitra de facto le gouvernement des putschistes du KGB qui le 19 août 1991ont tenté de renverser M .Gorbatchev.
Mais bon , la réunification allemande est faite. Pour la France il s’agit alors d’en limiter les risques. D’où l’idée d’encadrer le nouveau géant allemand et de le lier, sinon le ligoter en l’arrimant à l’Europe. C’est le point de départ politique de ce qui va être le traité de Maastricht et une opération de dupes qui en final, vingt huit après, s’est soldée par la tragédie que l’ Europe vient d’endurer.
Ce traité en effet , signé le 7 février1992 dans une ville des Pays Bas, texte monstrueux de 253 pages , avec 7 titres, 17 protocoles additionnels et 33 déclarations, amenant 300 ajouts et modifications au célèbre traité de Rome de 1957 qui avait créé la CEE, n’est en réalité qu’un immense décor institutionnel construit pour habiller l’ opération stratégique de captage de la monnaie allemande, le deutsche mark, considérée comme le cœur nucléaire de la puissance germanique , pour la mettre , sous le nom d’ Euro, sous contrôle collectif européen
Mais le chancelier allemand Helmut Kohl n’est entré dans la manoeuvre qu’en imposant aux autres ses conditions. La monnaie allemande, rebaptisée « euro » et gérée depuis Francfort par une banque centrale copie de la Bundesbank , serait protégée par trois règles de bronze s’imposant aux Etats qui l’utiliserait : leur budget annuel devrait être pratiquement équilibré , avec juste un déficit inférieur à 3 % de leur PIB ; leur dette publique ne devrait pas dépasser 60 % de leur PIB ; et leur inflation devrait se limiter à1, 5 %.
C’est l’article 104 C du traité qui a posé ces règles, précisées depuis, sanctionnées et même durcies, par des règlements européens et encore en 2012 par un nouveau traité. Tant et si bien qu’en réalité c’est l’Europe qui a été arrimée à l’Allemagne et à son histoire financière Au point qu’en final , parce que la grand –mère allemande avait eu dans les années 20 du diabète monétaire, tous les Etats européens durant vingt ans ont dû manger sans sucre budgétaire.
Ce qui veut dire concrètement que pour respecter la règle leur interdisant , un déficit budgétaire supérieur à 3 % de leur PIB , sous peine de lourdes amendes , pouvant dépasser , pour la France, 10 milliards d’euros, les Etats depuis deux décennies se sont évidemment privés. Notamment d’investir. Parce qu’ils se sont très exactement retrouvés dans la situation d’un ménage qui interdit d’avoir chaque année un déficit supérieur à 3% de ses revenus, sous peine d’être arrêté par une police européenne, pour conduite soit disant en état d’ivresse budgétaire, doit renoncer à acheter à crédit le frigo, la machine à laver, la voiture et même la maison.
Voilà l’invraisemblable réalité. Pour ne pas être sanctionnés, les Etats ont privé leurs peuples de tout. Ils se sont mis à faire des coupes par tout. Le président Sarkozy et son célèbre premier ministre, François Fillon, avaient même inventé, en juillet 2007, une faux automatique et des sécateurs qui coupaient eux même tous les crédits permettant à un pays de vivre. Cet outil dadaïque s’appelait la RGPP, pour dire revue générale des politiques publiques, que Jean Marc Ayrault, un des plus beaux cerveaux dubocage nantais , débaptisera le 18 décembre 2012 pour l’appeler MAP , modernisation de l'action publique.
Ce qui devait arriver est bien entendu arrivé. Comme n’importe le quel d’entre nous qui se prive de manger voit son état se délabrer, sa glycémie s’effondrer en deçà de 0, 50 g par litre de sang, avec les malaises qui arrivent, les vertiges, les chûtes, les évanouissements et en final un coma hypoglycémique, sous budgétés, les Etats , à commencer par l’ Etat français , ont inévitablement glissé peu à peu. Les bureaux de postes ont fermé dans les villages , les gares rurales aussi , des maternités, des écoles , des hôpitaux, des casernes de gendarmerie, des laboratoires, jusqu’à en arriver , le 13 juillet 2007 , à Brétigny sur Orge , faute de personnel compétent et même de simples boulons pour visser les rails , à un train qui déraille. Comme en Italie qui ne pouvant plus inspecter ses ponts, puisque devant faire des économies, a vu , le 14 août 2018, le viaduc Morandi surplombant la ville de Gênes s’effondrer.
Là, le prix des économies, des privations et des amputations , imposées par le « stupide » article 104 C du traité de Maastricht, dixit le président de la Commission de Bruxelles Romano Prodi, a été de 43 morts. Sur le coup , on a cru que c’était beaucoup .Mais on n’avait encore rien vu . Parce que le virus idéologique continuait à se propager à bas bruit. Notamment dans les hôpitaux, où pour faire aussi les économies imposées, la RGPP interdisait de recruter des infirmières, de former des médecins ----- puisque à moitié prix on pouvait en importer 15 000 d’ Algérie ou 7000 du Maroc, formés souvent d’ailleurs, eux , en Ukraine---, d’avoir des lits équipés , des stocks de médicaments suffisants et ...des stocks de masques !
Nous y voilà....
La RGPP, Maastricht et son traité ,ont amené le bon docteur Salomon , le très rassurant directeur , général s’il vous plait, de la santé , à laisser jeter plus de 500 millions de masques , soit disant un peu périmés, sinon démodés, sans en commander d’autres pour les remplacer ...
Et voilà pour quoi nos grand -mères sont mortes muettes... Faute d’avoir eu un modeste masque pour les protéger , et de simples bouteilles d’oxygène pour les aider à respirer.
Ne cherchons pas alors ailleurs la cause du désastre. Lorsqu’en janvier 2020 le corona est arrivé, l’article 104 C du traité de Maastricht n’avait plus laissé en France, au nom des économies folles qu’il avait imposées, que 100 millions de masques. Soit plus qu’un seul masque et demi par français ... et encore pour une seule journée.
Voilà la vérité à en perdre les bras . En France , en Espagne , en Italie, en Belgique, 200 000 européens sont morts , pour que les budgets de leurs Etats restent équilibrés.
Mais le pire c’est qu’en final, ces budgets sont déséquilibrés comme jamais. Autrement dit, 200 OOO morts européens pour rien. Si tant est que l’on puisse mourir utilement pour quelque chose.
Et si parmi eux , donc dans les 30 000 vieux français sacrifiés , il en est qui au référendum du 20 septembre 1992 avaient voté oui à l’article 104 C du traité de Maastricht , c’est à tomber à genoux et à pleurer. Euripide, Eschyle, Sophocle et tous leurs Oedipe et leurs Iphigénie, n’arrivent pas au niveau de ce gâchis
C’est même pire pour les 30 % qui ce jour là ne sont pas allés voter. Si 28 ans après ils sont dans les 30 000 morts asphyxiés, c’est terrifiant. Tout s’est passé comme s’ils s’étaient abstenus eux mêmes ...de vivre .
Comme quoi, d’abord avec les référenda il faut y regarder à deux fois. On peut le payer de son propre trépas. Ensuite , le Corona a bel et bien été le révélateur de l’absurdité généralisée. Sur tout un continent.
Car enfin , l’Europe d’ Aristote , de Galilée, de la Renaissance , de Descartes , l’ Europe soit disant des lumières , de la science, cette Europe des esprits forts, déchristianisés, n’ayant pas besoin de l ‘hypothèse de Dieu, oui ce continent s’est bel et bien prosterné devant une idole absurde appelée « 3% du PIB » , s’est imposé pour lui complaire trois décennies d’anorexie et un ramadan de 30ans .
On pense au livre de l’ Egyptien Alaa El Aswany, sur « le syndrome de la dictature » où il dresse un tableau clinique de la soumission des peuples , la vieille servitude volontaire décelée il y a cinq siècles déjà par La Boétie
Que cela ait pu durer jusqu’en juin 2020 est un mystère. Car sur 30 ans on ne peut parler d’une simple bouffée de paganisme , d’animisme ou d’idolâtrie , comme l’ Europe en a connue . En 1522 par exemple, quand la peste dévastait Rome, par milliers ses habitants, tous chrétiens , baptisés apostoliques et romains , n’en sont pas moins allés au Colisée égorger un Taureau pour honorer les anciens Dieux. On peut comprendre. Parce qu’après tout on ne sait jamais, des fois que cela marcherait...Mais là , les privations d’investissements pendant 30 ans, les services publics dévastés et des millions de vie gâchées , ce sont deux générations de dirigeants politiques de tout un continent qui ont organisé cette saignée . Pire , ils l’ont fait en en voyant l’absurdité . Ainsi Pascal Lamy, ancien commissaire européen au commerce extérieur, , ancien directeur de l’ OMC, et surtout n’étant pas lui un déficient intellectuel , à la différence de nombre des autres de cette oligarchie politique affaissée dans l’inceste social et la consanguinité de toutes les élites politico-religieuses, pouvait dire goguenard en juillet 2003 « la règle de 3% du déficit est une manière un peu simpliste de gérer une économie »
Alors pourquoi l’avoir fait ?
La réponse toute simple m’ a été donnée en août 1995 au hasard d’une conversation de vacances studieuses à Edimbourg par Christian Jacob , aujourd’hui président du grand parti des Républicains , et à l’époque simple député européen et président de la commission agricole . Voici un extrait du verbatim de la conversation :
---- JCM :« Christian tu es paysan , tu vois bien que depuis 3 ans on nous bouleverse la PAC , avec la baisse des prix garantis, l’alignement sur les prix mondiaux bradés, la régression des stocks de stabilisation des marchés, pourquoi tu n’as rien dit au moment de Maastricht ? »
------CHJ : « Oui bien sûr j’étais contre le traité »
----JCM : « Tu as soutenu Seguin j’espère. Tu as voté contre »
------CHJ : « Non je l’ai voté »
------JCM : « Mais pourquoi tu es contre et tu votes pour ? »
-------CHJ : « Parce que J. Chirac me l’ a demandé »
------JCM : « Mais il t’a dit quoi pour te faire voter ? »
-----CHJ : « Il m’a dit que tout en étant aussi contre , il ne pouvait pas à lui seul prendre la responsabilité d’arrêter l’ Europe... »
Voilà. C’est le nœud gordien européen. Trente ans durant les dirigeants européens ont vu , tout en étant bloqués. C’est très exactement le syndrome « de l’aveuglement » du roman terrifiant du prix Nobel portugais de littérature , José Saramago , où d’un seul coup des milliers de gens deviennent aveugles , avant de guérir un jour et de se demander alors: « Je pense que nous étions aveugles , Des aveugles qui voient, Des aveugles qui , voyant , ne voient pas. »
C’est la maladie qui a frappé les dirigeants de tout incontinent enfermés dans un autisme politique et c’est la maladie dont le Corona les a libérée. Il a tranché leur nœud gordien. Même l’allemande Angela Merkel , pourtant fille de Pasteur, et donc prédisposée à la pathologie théologique du malthusianisme, a guéri la première , entrainant une chaine européenne de guérisons
Le corona a été ainsi à a fois Lourdes et Fatima. Il a guéri les fadas. Au point que maintenant les cathares de l’économie Vaudou et la secte pythagoricienne des adorateurs des deux pourcentages sacrés , 3 et 60 %, sont devenus Keynésiens dépensant à tour de bras. 136 milliards par le budget français , à la simple date de juillet 2020 et 700 milliards d’euros annoncés via le budget européen. Il y en a pour tous, pour tout, pour Renault , Air bus, le tourisme, la pharmacie , les chômeurs, les travailleurs, les premiers de corvée, les brancardiers, le ciné, les cafés, il suffit de demander, c’est noël.
A l’hôpital de l’humanité, alors que durant ces trente dernières années, il n’y avait pas assez de place pour tout le monde, maintenant c’est à robinet ouvert. Peut être même que dans les Ehpad des vieux vont avoir droit à des couches changées quelques fois par mois ...et même à des repas pouvant être mangés. Bien sûr , il ne faut pas exagérer. Même avec la fin du Pacte européen d’austérité de l’article 104C du traité de Maastricht, les vieux ne vont pas être transférés dans le luxe cozy des 62 hectares de Clairefontaine. Un vieux travailleur français, d’autant qu’il est enfin de vie, n’a pas besoin d’être choyé comme Mbappé et d’être à l’aise comme Blaise ... Même s’il venait à s’appeler Mathuidi .
Mais bon, grâce Corona qui a mis fin ces temps ci aux économies névrotiques , dans toutes les politiques publiques, une amélioration de vie , c’est toujours cela de pris