Jean Claude
MARTINEZ
2019
L'Europe des contribuables
Mais jamais on n’a vu en 40 ans, depuis que des élections européennes existent, un parti, un dirigeant ou un candidat, proposer l’Europe des contribuables. Pourtant, on paie pour l’Europe. Et même beaucoup. Ainsi cette année, les seuls contribuables français vont verser à Bruxelles 21, 9 milliards d’euros. Soit 4 fois le produit de l’ex impôt sur la fortune. C’est d’ailleurs pire pour les contribuables allemands qui paient eux plus de 27 milliards.
Autant dire qu’à ce prix là, le temps est venu de s’intéresser à ceux qui paient. D’autant que l’on paie dans une double injustice fiscale outrancière.
1ère injustice fiscale démesurée en Europe
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D’abord, au nom de la compétitivité des entreprises, de l’attractivité des territoires et de la lutte pour l’emploi, l’Europe et son grand marché unique sont devenus , dans les 27 pays , le prétexte d’une course fiscale à la baisse massive des taux d’imposition des sociétés , allégeant certes le poids de l’impôt sur les entreprises , mais surimposant , pour compenser , les ménages et les particuliers. Ainsi en dix ans, chez nous par exemple, de 2007 à 2018, l’impôt mis à la charge des sociétés s’est effondré de 63,3 milliards d’euros à 25,3mds, pendant que l’impôt sur le revenu des ménages bondissait lui de 56, 3 mds à 72, 7 milliards. Ce qui a fait perdre par la contraction de la demande fiscalement bridée, l’activité que l’on prétend favoriser par l’offre fiscalement libérée.
Sans parler du fait que cette baisse de la charge fiscale des sociétés, multinationales comprises , est une spirale sans fin . Par exemple , même abaissé de 33,33 % à 25 % , avec des présidents Hollande et Macron , le taux de notre impôt sur les sociétés reste encore moins compétitif que les 19% de la Pologne , la Slovénie ou de la Tchéquie, les 15 % de la Lituanie, les 12 , 5 % de l’Irlande et les 9 % de la Hongrie. Alors que fait on, on continue la course à la baisse ?
2ème injustice fiscale révoltante en Europe
Cette surimposition des ménages, pour alléger les sociétés, se double d’une sous imposition caricaturale des multinationales, spécialement celle du numérique. Avec ainsi Apple, Google , Amazon, Facebook, et Microsoft , qui ont payé en France 37, 5 millions d’impôts, au lieu des 828 millions qui auraient dû être payés sans l’évasion légale organisée par les Etats eux mêmes . Parce que la concurrence fiscale déloyale dans marché européen sans frontière , permet aux GAFAMI du numérique de faire évader l’essentiel de leur base imposable vers l’ Irlande , le Luxembourg ou les Pays – Bas, les trous noirs de l’ Europe qui aspirent la matière imposable .
Les solutions pour mettre fin à cette hémorragie massive des recettes fiscales sont connues. Le texte pour les appliquer est prêt depuis 2011. La Commission européenne l’ a encore remis en 2016 sur la table du conseil des ministres européens , où les Etats receleurs de la matière imposable détournée , par les grandes sociétés , ne cessent de bloquer son adoption.
Voilà alors notamment pourquoi il faut une Europe des contribuables. Pour faire sauter ce verrou de Bruxelles.
C’est un des enjeux des élections européennes de mai 2019. Porter la solution et créer la pression pour faire payer les Google, Facebook, Microsoft, Amazon et bien sûr Apple . L’entreprise à la pomme qui ne déclare chez nous que 257 millions d’euros de chiffre d’affaires, alors qu’elle en réalise pour 3, 2 milliard