Jean Claude
MARTINEZ
Lettre fiscale au président Macron
Monsieur le président
Vous voulez réformer la fiscalité locale. Depuis le 7 janvier 1959 sept présidentss’y sont essayés. Ils ont manifestement échoué, puisqu’à votre tour vous devez vous y atteler.
Pourquoi 60 ans de ces échecs ? Parce que les 17 gros impôts locaux , n’étantqu’une composante des 340 impôts du système fiscal français , s’être limité à tenter leur réforme , sans traiter la totalité du problème fiscal , a été aussi stupide que de soigner une dent sans s’occuper des 31 qui sont à côté.
Mais bon, puisqu’en matière d’impôts vous en restezaux méthodes de l’ancien monde, pour ne pas dire de l’ancien régime avecses privilèges, qui aujourd’huis’appellent les 435niches fiscales, autant vous aider à faire du neuf avec le vieux que vous allez utiliser.
Partons des choses telles qu’elles sont. Les communes disposent par année de 13, 7 milliards environ de taxe d’habitation, directement ou par compensation , après que vous l’ayez amputée. S’ajoutent les 14, 7 Mds de taxes foncières et les 14, 45 milliards ( en chiffres2016) de DGF versée par l’ Etat. Qui leur prend en charge en plus, 5 mds de la taxe d’habitation avant votre amputation et 1, 6 md de taxe foncière .
L’Etat possède luitrois impôts sur les revenus avec les 97 mds de laCSGde MichelRocard, les 74 mds de l’ IRde joseph Caillaux et les 7 mds de la CRDS d’Alain Juppé
A partir de ce rapide constat, voici ma proposition pour éclairer votre réflexion
En 1914 et 1917, l’ Etat avait transféré aux collectivités locales, son impôt sur le revenu d’alors, c’est à dire la contribution mobilière (taxe d’habitation d’aujourd’hui) et les contributions foncières. En compensation, il s’était créé pour lui un impôt sur le revenu des personnes physiques . Celui que nous connaissons aujourd’hui
Un siècle après, les communes, surtout rurales, n’ayant pas les ressources suffisantes pour enrayer leur désertification médicale, scolaire , économique , un nouveau grand transfert d’impôt direct doit être effectué, le transfert de l’impôt sur le revenu auquel on ne panse pas ....
Bouclant le cycle ouvert le 15 juillet 1914, l impôt sur le revenu , créé alors, doit être transféré progressivement et partiellement aux communes ,
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avec liberté de fixation des taux du barème, conformément à leur liberté de fixation des taux que leur a reconnu la Loi Voisin de 1980
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et la garantie du plancher de ressources communales inchangé.
En chiffrage de survol , les communes recevraient ainsi un impôt sur le revenu au potentiel de l’ordre de 74 à milliards. Le reste de TH qui subsiste après votre loi de finances 2018 gagnerait à être maintenu pour être potentiellement disponible pour les agglos et la TFB , aux 32 milliards d’euros serait disponible en totalité pour les départements . sauf si vous persitiez dans votre suppression complète de la TH . Dans ce cas, vous pourriez transférer 57 % de la TFNB aux départements, au lieu des 43 % actuels et le reste irait aux intercommunalités . Qui verraient aussi et ainsi leurs moyens augmenter en recevant même le milliard du reste de la TFNB, sauf à en faire le cadeau bien nécessaire à nos paysans asphyxiés.
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En échange de ce transfert de son impôt sur le revenu , l’ Etat n’aurait plus à verser aux communes les 19, 6 mds de DGF et de dégrèvements de la TH et de la TFB
Ayant transféré progressivement de l’ordre de 40, 7 milliards de son I R et en récupérant 19, 6 milliards , l’ Etat transformerait ce différentiel de 21,1 mds en allègements de la fiscalité sur les revenus du travail au profit notamment des chefs d’entreprises , agriculteurs et libéraux , via les BIC , les BA et les BNC . Ainsi de président des riches , avec votre cadeau d’une flat tax aux revenus mobiliers et aux PV de vos anciens camarades de vos anciennes fonctions, vous deviendriez le président des travailleurs ... Tout cela « en même temps » , à la fois président des hyper nomades de la mondialisation et président des sédentaires de la nation
Moins malicieusement et plus sérieusement , voyez les 4 effets majeurs de la réforme que je vous propose :
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Chaque niveau local aurait son impôt : la commune l’IR, les agglos un % de la TFB, voire ce qui reste de la TFNB ; les départements s’ajouteraient plus de la moitié des 32 mds de la TFB et pour les régions les impôts locaux des entreprises y compris de la CFE dont les 7 mds pourraient se libérer
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Par dessus tout , et cela devrait vous enchanter , on mettrait en place une concurrence fiscale entre les communes via la liberté de fixation des taux de leur nouvel impôt sur le revenu transféré .
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Il en résulterait un avantage comparatif immense accordé aux petites communes qui auraient des taux très inférieurs à ceux des villes.
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D’où des migrations des contribuables riches vers les communes rurales à faible impôt, mettant fin à leur désertification scolaire , médicale et administrative . Notamment dans ce que l’on a appelé la diagonale du vide sur 40 départements allant du Gers à la Moselle.
Du coup, vous président des villes, vous deviendriez président des villages et les élections municipales vous feraient un triomphe .
Un denier point : la faisabilité de ma proposition , dont il ne vous échappe pas qu’elle est une « révolution » Sans même vous citer du Maurras , qui n’est pas dans vos lectures, pour qui la question en politique n’était pas de savoir si c’est possible , mais si c’est nécessaire, qu’il me suffise de vous dire et d’apprendre à vos conseillers que la Suède a fait en 1990 ce que je vous propose . Avec 66% de l’IR transféré aux 290 communes du pays.
Alors, si au pays d’IKEA on a fait cette réforme , au pays qui veut de la PMA et de la GPA on peut penser à la faire.
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