Jean Claude
MARTINEZ
« Je ne peux pas à respirer... »
Un racisme anti vieux systémique : « old lives no matter »
Y a t -il un point commun entre George Floy , mort plaqué au sol , étouffé sous le genoux de la police américaine et le vieux mort en Ehpad , plaqué sur son lit , étouffé sous contrainte d’une police sanitaire ? La différence est apparemment énorme , puisque tout en étant mort en prononçant la même plainte d’agonie, « je ne peux pas respirer », le premier, lui , a déclenché une onde de révulsion planétaire, quand le second est mort dans l’indifférence nationale et continentale . En réalité pourtant, George Floy et vieux dans l’effroi, les deux sont morts d’une même chose : le racisme . Perpétuel pour l’un, actuel pour l’autre. Parce qu’il y a bel et bien, depuis quelques années, un racisme anti vieux, c’est à dire la croyance en l’infériorité de la valeur de leur vie , dans une société française qui ne veut pas voir qu’elle s’est installée tranquillement dans l’odieux.
Les signes sont par milliers, où les cheveux gris sont discriminés, les peaux ridées méprisées et les personnes âgées marginalisées, isolées, oubliées, abandonnées, parquées, maltraitées, violentées , fiscalement abusées, médicalement triées, humainement déshumanisées , avec le slogan national : Old lives no matter.
Qu’un plus de 65 ans , demande par exemple dans sa propre banque un modeste prêt immobilier, avec toutes les garanties, toutes les hypothèques, tous les revenus mensuels assurés, et il le lui sera refusé. Pourquoi ? Sans raison, sans explication, sans gêne, sans honte, parce que c’est ainsi. C’est le délit de cheveux gris, la discrimination à l’état pur, la « vieillophobie », dernier racisme social autorisé. S’il n’y a plus de « sale rital », même à Aigues Mortes , la ville du pogrom italien , « d’espagnol de m.. », même à Argelès, la ville des camps pour républicains, du temps du Front Populaire, de « nègre », de « bougnoul », d’ Ilan Halimi, sauf peut être pour Fofana et ses 26 petits camarades Yayia, Soumbou, Moustafa, Diallo ou Samir, de la communauté médiatique des victimes de violences des policiers, il y a maintenant les porteurs de comorbidités, les torsadés de pointe, les confinés à perpétuité , soi disant dans leur intérêt , les refusés de soigner , les triés aux urgences, les ghettoïsés des Ehpad, les enfermés dans les housses et les brûlés dans des fours.
Tout cela le corona l’a révélé. Alors que jusqu’ici en effet c’était discret, bon enfant, parfois gentil , du type « bon pied, bon œil », amusant , « sucrer les fraises », condescendant , « à votre âge... », tournant autour du pot, avec « nos aînés », « les seniors », « les 3èmes âges », enfin bref ces dizaines d’expressions spontanées qui montraient juste le bout du nez, tout comme un noir d’avant pouvait s’appeler gentiment « blanchette » et un espagnol « joueur de castagnette », brutalement le Corona a fait tomber les masques... D’autant plus facilement que personne n’en avait.
Le pays qui ne voulait pas voir , qui incriminait les canicules et se contentait d’acheter des ventilateurs, a dû au moins entendre un petit peu parler , des semaines durant, de ses élevages de retraités en batterie décimés , de ses Korian, ses Orpea, ses multinationales exploitant les gisements de cheveux gris, ses camps gériatriques, ses vieux morts dans des draps, euphémiquement souillés, pour ne pas dire la réalité « excrémentés », voire , comme à la résidence Herron, maison de retraite dans la banlieue de Montréal par exemple , ses personnes âgées parfois affamées , assoiffées , « nues et maigres » agonisant dans des ehpad plombés. Comme à Madrid l’armée appelée en renfort les a aussi trouvées.
Voilà une vérité, qu’aucune manifestation des âmes géantes des amis de la fratrie Traoré n’a dénoncée. 13 000 vies raflées en final , dissimulées dans des housses , encore heureux individuelles et pas communes comme des fosses, et souvent enfournées à la va vite dans des fours , comme les cinq millions de vaches et de porcs anglais lors de la crise de l’ ESB. Même sans documentaire d’ Elise Lucet , de Arte ou de reportages de BFM TV , avec des experts des crémations éthiques et un inénarrable Le Comte -Sponville qui aurait disserté sur « le brûlé et l’enterré » chez les socratiques et les stoïciens , on n’a pu éluder la rumeur de cette vérité. Le révisionnisme gériatrique de la société française et de l’ Europe gluante de dignité invoquée et de droits fondamentaux emmiellés, n’a pu dissimuler la bestialité qui dort, à visage aujourd’hui numérisé, sous les 10 000 ans d’homo sapiens sédentarisés.
De mars à mai 2020, la France a eu son Katyn des vieux , son Rwanda de petits tutsis à cheveux gris , son Arménie , sa Vendée des retraités , son vieillicide perpétré dans l’indifférence généralisée. Car enfin quel dirigeant a mis un genoux à terre devant cette violence ? Quel comité a demandé « Justice pour les vieux Adama » asphyxiés ? Où ont été les anti capitalistes, les anti –« baffes » sur les visages des vieux martyrisés , les Attac , les insoumis, pour dénoncer les multinationales qui font la traite des vieux et les immenses profits sur l’exploitation de leurs déclin de vie ? Où a été le Combat pour ses valeurs d’un Philippe De Villiers qui pour sauver les planches de son Puy du fou, est allé actionner le président de cette politique de fous , oubliant que la légèreté de cet homme contribuait à mettre au moins 13 000 vieux entre les planches ? Virginie Despentes et son Assa Traoré devenue Antigone , elles étaient où durant ces 55 jours où la politique des Créon , à Matignon et à l’Elysée, empêchait d’enterrer les morts ? Et par dessus tout , les merveilleux jeunes du 1er mai 2002 qui en masse ont arrêté Le Pen , ayant ainsi permis aujourd’hui que les frontières n’aient pas été fermées, que le pays ne se soit pas confiné , que l’économie ne se soit pas effondrée et surtout que nos libertés , même de marcher, n’aient pas supprimées , oui ces magnifiques jeunes pour le climat, ces militants de la fraternité qui à Paris , Montpellier , Strasbourg ou Toulouse, se sont levés en masse, au péril du Corona , d’autant qu’il ne les touchait pas, pour que plus jamais sur la terre des hommes, on entende un poisson , les branchies hors de l’eau , sous la main d’un pêcheur policier, haleter agonisant « je ne peux pas respirer », ils étaient où , lorsqu’à Mougins , et devant les centaines d’Ehpad de France, 13 000 vieux Floy mourraient étouffés ? Que n’ont ils pas manifesté avec des masques brandis : « Old lives matter » ! Oui pourquoi ? Parce que celui qui meurt étouffé a les lèvres bleues cyanosées, et non noires ?
Il est vrai qu’à l’étranger aussi , bien peu de genoux se sont pliés devant les vieux George Floy étouffés . Ainsi Greta Thunberg, l’étendard climatique de la Suède , ce pays qui de 1935 à 1996 a stérilisé, à partir de ses jolies lois de 1934 et 1941et de son beau modèle suédois d’ Olof Palme, 236 000 jeunes filles et jeunes garçons , simplement parce qu’ils étaient neurologiquement aussi particuliers que l’égérie mondialisée, oui la Greta, pourquoi n’ a telle éructé , comme à son accoutumé , lorsqu’à Stockholm, sur soixante résidents d’une maison de retraite , les onze premiers fauchés par l’épidémie ont juste reçu de la morphine qui plus est par le médecin qui a pris la décision d’euthanasier à distance , avec l’aide des infirmières sur place… et d’un iPad. ? Lorsque les fils et les filles de ces vieux liquidés ont tout de même manifesté sur les places de la capitale, bouquet de fleurs à la main, pour dire leur réprobation au gouvernement, où était elle Greta ? .
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Et je pourrais continuer avec Justin , le premier ministre fils de son père au Canada. A peine l’ Amérique s’est mise à genoux , qu’il était à Ottawa sur la rotule . Mais lorsqu’à Montréal , dans son propre pays , à quelques kilomètres du centre ville, à la maison des retraités dite Yvon-Brunet , ou à une résidence Herron déjà mentionnée, le journal Montreal Gazette révélait que des personnels soignants s’étaient enfuis, de peur de se contaminer, abandonnant les vieux, laissés des jours et des jours sans nourriture, dans des couches débordant d’excréments, avec des pansements où les bactéries pullulaient , des malades gisant au sol après une chute et ceux morts en hécatombe dans les lits bas-flancs de ces camps, à 10 000 dollars toutefois par mois de loyer, croyez vous que le Justin Trudeau là s’est aussi agenouillé ? Non ! Pour les vieux violentés , il est resté droit dans ses bottes, envoyant tout de même il est vrai125 membres des Forces armées. L’armée , oui l’armée, là encore comme en Espagne, pour dégager les maisons de retraites de leurs cadavres de retraités !
Voilà ce que l’on doit au Corona. Au Canada, en Suède , en Espagne, en France, il a révélé que le noir de la peau n’avait plus le monopole du racisme , le gris des cheveux y est maintenant aussi abonné.
Alors, Michel Sardou, chanteur engagé à contre courant , tant qu’il est encore temps et qu’il a échappé au sort de Christophe , va t il reprendre « Ne m'appelez plus jamais "France". La France elle m'a laissé asphyxier » ....? Rémy Heitz, le procureur de la République de Paris , saisi de 62 plaintes mettant en cause, comme on dit pudiquement , la gestion de cette crise sanitaire, va t il, à la fin de son enquête, transmettre à la Cour de Justice de la République, déjà saisie de 84 plaintes en juin 2020, les dossiers concernant les fautes d’une particulière intensité de ministres ?
Quand on regarde l’histoire, à part à Nuremberg , et encore Von Papen et ses amis de la haute s’en sont sortis, sans parler du premier président allemand de la Commission européenne Walter Hallstein , au passé tellement brun qu’avoir été blanchi est un exploit de la chimie, c’est rare que les responsables finissent en coupables. Et d’ailleurs en final, à y réfléchir, avec même de l’ordre de 14 000 à 15 000 personnes âgées asphyxiées, durant son quinquennat ,le président Macron n’a tout de même pas atteint le record absolu du Président Chirac , avec 19 490 vieux morts déshydratés et assoiffés en un seul mois de 2003 . Alors, si malgré ce bilan, Jacques Chirac a été le président préféré des français , sûr qu’ Emmanuel Macron , dont la gestion n’en a tout de même éliminés que beaucoup moins , finira, lui, après ses deux mandats et peut être trois dès la constitution réformée, adoré des français !