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Thomas Pesquet, Trump et  Juppé

19/11/2016

C’était Jeudi 17 novembre 2016, 21h 32. En plein troisième débat des primaires pour l’élection présidentielle française, Jean-Pierre Elkabbach interrompt les orateurs et annonce que le lancement de Soyouz est réussi. Thomas Pesquet est dans l’espace. Il vient de rejoindre les 7 candidats de la primaire qui compte tenu de la hauteur de leurs propos qui les fait voler très haut, sont déjà bien entendu dans l’espace interstellaire depuis des mois.

 

Alain Juppé ne s’y est d’ailleurs pas trompé. Dans sa péroraison, belle comme du Bossuet, il a fait écho à Thomas Pesquet, son frère en altitude et son compagnon en grande vision. On sent même que lui président, il offrira, à notre astronaute, redescendu des étoiles, un siège de secrétaire d’Etat à quelque chose, comme J P Raffarin l’avait  déjà fait  pour Claudie Haigneré.

 

Ceci étant, à 5 mois de la présidentielle, à partir de Thomas Pesquet essayons de raisonner.

 

D’abord, sans même observer que dans la nuit glaciale un pope a béni le lanceur, avant la mise à feu,  ceux qui  de Marine Le Pen  à Montebourg, en passant par  le maire de Bordeaux choquent nos valeurs  laïques et républicaines, nous apprenons que notre compatriote français a emporté des cartes, des dés et même  de l’« effiloché de volaille en parmentier ; du homard breton,  du quinori bio aux algues, du  condiment citron de Menton ; des  joues de bœuf façon bourguignon ; de l’ œuf bio en cocotte et des  morceaux de pommes fondantes ». Le tout préparé non seulement par Ducasse cuisinier, mais « Ducasse conseil »…

On voit déjà la dimension de nos médias. Certes, ils nous parlent de l’humanité qui sort du berceau terrestre , mais la grande info pour  eux  c’est tout de même le bœuf bourguignon et l’œuf bio.

Après tout pourquoi pas.  Si NKM, candidate qui a révélé les sommets où mène Polytechnique, nous a expliqué que la réforme scolaire ne doit pas « fatiguer les petits », les journalistes peuvent bien ramener la mission « Proxima » de Thomas Pesquet à une affaire de « Gastronomia » au parmentier.

 

Mais l’essentiel n’est pas là. Thomas Pesquet n’a pas amené avec lui , dans son 1,5 kg de bagages autorisés, le livre de Zemmour sur « le suicide français », ni même le De Villiers sur des histoires de cloches qu’on n’entend plus teinter. C’est surprenant. Car si la France c’est certes de grands chefs étoilés, c’est aussi de grands auteurs qui nous transportent dans les étoiles. Or avec Zemmour et De Villiers, sans parler des 2 bouquins Sarkozy et des 3 Juppé, on ne fait pas mieux pour décoller.

 

Mais bon, on peut être astronaute, aimer le homard Breton et avoir des loisirs un peu c…. Car préférer les cartes et les dés, à un bon livre de Fillon et aux puissants Juppé, c’est tout de même osé.

 

Poursuivons encore. Thomas Pesquet va regarder par les hublots la terre toute bleue ? Va-t-il voir le mur en construction de Trump le long de la frontière du Mexique ? Evidemment que non, puisqu’il n’est pas construit …encore. Mais va-t-il voir les Km de grilles aux frontières des balkans ? Non, parce qu’en dépit de la légende, aucun astronaute n’a jamais vu même la grande muraille de Chine. Depuis l’espace la terre ne montre pas de frontières. Il le dit lui-même dans un tweet : « Vraiment hâte de voir la Terre dans son entièreté et sans frontières… »

 

 Mais allons à l’essentiel et écoutons Thomas Pesquet qui tout français qu’il est ne va pas respecter notre législation Aubry en travaillant 60 heures par semaine du lundi au samedi compris, puisque dans l’espace le code du travail  flotte  en apesanteur. Que dit notre compatriote ? Deux choses.Je les  cite:

2)« C'est dans l'histoire de l'humanité d'aller toujours plus loin, et il faut que cette conquête de l'espace continue ».           

Première leçon de Thomas Pesquet : Evidemment, quand on prend de l’altitude, qu’on voit de loin et loin, les histoires de 500 000 fonctionnaires à éliminer ,  de 2  ou 3 impôts à baisser, d’un quotient familial à remonter, d’un collège unique ou multiple, du droit du sol , du sous-sol, du sang ou de la lymphe,  des déficits budgétaires à 3 % , de 35 heures à passer à 39 ou de RMI, de RSA, de RSI, de GPA , de PMA , et encore heureux qu’il n’y ait pas aussi IKEA dans le débat, tout cela n’est pas à la dimension des questions qui engagent l’avenir d’une grande nation.

Depuis l’espace on voit les 3 océans où la France est à cheval sur 500 archipels. On voit l’antarctique où la France a la Terre Adélie. On voit les Amériques où la France a une base qui lui permettrait de lancer des vols habités. On voit l’Afrique de l’Ouest où la France a sa langue parlée de Rabat à Kinshasa. On voit tout ce qui n’est pas dans les débats des présidentielles, mais depuis l’espace on ne voit pas le dérisoire qui passionne les candidats à la présidentielle rabaissée, la présidentielle au rabais, la présidentielle gâchée

 

Deuxième leçon de Thomas Pesquet : Evidemment que tous les hommes, même JF Copé, E. Macron ou D. Trump , sont sortis un jour de leurs berceaux. L’humanité alors forcément va sortir du sien. Comme Rome n’a pas été toujours dans Rome, comme Christophe Colomb a quitté Cadix, les hommes, derrière des centaines de Thomas Pesquet, ouvreurs de la piste aux étoiles, vont quitter la terre. Bruno Lemaire verra cela, comme les jeunes apeurés électeurs de Marine Le Pen et les bébés des Mc Do en colère de D. Trump ou de Beppe Grillo.

Simplement un jour de 2025, qui  réécoutera les trois débats de la primaire «  de la droite » et ce sera d’ailleurs pareil pour ceux de la primaire de la gauche, ne comprendra pas comment le pays qui a donné aux hommes de la terre le système métrique, les vaccins, la bactériologie ou  l’invention de la méthode scientifique, a pu tenir  de 2016 à 2017  ces raisonnements de chaudron comptable troué sur des dettes publiques, des effectifs de fonction publique, des temps légaux de travail  ou des âges de mise au rebut des femmes et des hommes à bannir du monde de  la création.

Pour cela, uniquement pour cela, pour que la France reste la France, pour que nous continuions   à ouvrir les espaces où l’avenir des hommes de la terre  s’inscrit , je  ne peux  qu’être  candidat.

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